La population Rom est difficilement identifiable : ils seraient entre 4 et 12 millions en Europe. Ce qui les unit serait leurs origines communes : un peuple chassé du Nord de l’Inde au IXème siècle. Ensuite, ils se seraient dispersés en Europe, se concentrant dans certaines zones comme les Balkans, l’Espagne…sans jamais trouver de réelle terre d’accueil. Depuis la chute du régime communiste et l’ouverture des frontières, c’est toute une population rejetée des pays de l’Est qui tente de trouver refuge en France. Le Conseil de l’Europe estime à 400 000 le nombre de Roms en France, le plus souvent concentrés dans des bidonvilles en périphérie des villes.
A Saint-Denis, c’est un tronçon de route situé en marge de la zone d’activité de la Plaine, entre la voie ferrée du RER D, le pont de l’A86 et la RN 410, qui a été baptisé le Hanul : caravansérail.
Les premiers arrivants, des Roms roumains, l’occupent depuis l’an 2000. Chaque occupant y a construit sa maison avec des matériaux récupérés (tôle, anciennes portes fenêtres, caravanes…). Il faut souvent plusieurs années pour que les maisons prennent forme.
Un accord a été passé entre la mairie de Saint-Denis et les occupants du Hanul dans le but d’assurer un minimum d’hygiène par la ville (installation de toilettes, douches et ramassage des ordures), en échange de la scolarisation des enfants et de la stabilisation du nombre d’occupants.
Aujourd’hui, le Hanul regroupe 154 personnes, soit une trentaine de familles élargies, vivant dans des conditions précaires, sans eau courante ni électricité. Certaines familles regroupent 10 personnes dans des maisons de moins de 30m2.
En juillet 2008, sous l’invitation de Parada (créée par des artistes circassiens, anime des ateliers avec les enfants du Hanul depuis 2003 en prenant bien souvent le rôle de médiateur social) , les associations No Mad’s land et AOA, spécialisées dans l’architecture, démarrent un travail d’identification et d’analyse de l’habitat des Roms et d’actions sur le site.
« Ma rue du Hanul », juillet 08
Les habitations se répartissent le long d’une voie goudronnée où la vie quotidienne s’organise. Cette rue n’a pas de nom. Le temps d’une journée, alors que les adultes du bidonville sont partis à la frontière faire tamponner leurs OQTF en juillet, les membres des associations ont réalisé un atelier avec les enfants qui sont restés chez eux. Avec les enfants, il a été décidé de nommer cette voie : rue du Hanul et comme toute rue y indiquer le numéro des maisons. Suite à de longues discussions, les enfants ont décidé de faire comme une rue « normale » française suivre une ordre croissant et ont numéroté chacune des maisons de la rue, en respectant le côté pair et le côté impair.